Année Covid

Le regard du Syndic
de Montreux

Villes et communes sont des partenaires incontournables. Nous avons demandé à Laurent Wehrli, Syndic de Montreux depuis 2010, de nous donner son regard sur les réponses politiques et socio-sanitaires données à la pandémie.

Dans quelle mesure la Ville de Montreux a-t-elle été impactée?

Montreux est une ville touristique dont l’industrie d’accueil est très importante. Les hôtels, les restaurants et tout l’événementiel ont souffert, même si les écoles internationales et les cliniques privées ont mieux résisté. L’impact financier est énorme : l’annulation du Festival de jazz signifie l’absence de plus de 50 millions de retombées financières directes. Nous tentons d’apporter des réponses concrètes aux entreprises et aux acteurs culturels – par exemple en permettant l’extension gratuite des terrasses de restaurants sur le domaine public. Nous les accompagnons aussi dans leurs démarches pour obtenir les soutiens cantonaux et fédéraux. Et nous réfléchissons à l’après, c’est-à-dire à tous les dispositifs d’animation qui pourraient être reconfigurés en maîtrisant les flux du public.

Notre système politique à trois étages (Confédération, cantons, communes) a-t-il bien fonctionné?

Je trouve que oui. Il a permis d’ajuster les contraintes sanitaires en fonction des situations régionales, donc de les faire mieux accepter par la population. Certes, on a pu ironiser sur les incohérences parfois observées d’un canton à l’autre dans les horaires imposés aux cafetiers et restaurateurs ; on aurait peut-être dû en l’occurrence penser la question en termes de bassins de population plutôt que de frontières politiques. Mais notre système reste excellent par sa souplesse et son adaptabilité.

Comment évaluez-vous la réponse sociale à la crise?

A Montreux, nous avons été très attentifs à la question du lien social, inévitablement menacé quand vous devez fermer ou restreindre presque tous les espaces de rencontre. L’une de nos réponses a été de créer une hot line sociale. Les demandes qui lui parviennent (visites, courses, transports chez le médecin, etc.) sont relayées vers les associations de village et de quartier, nombreuses dans la région, qui se sont spontanément mises au service de la population fragilisée, dans un magnifique élan de solidarité.

Notre système de santé a-t-il été efficace et résilient?

Si on regarde la chaîne sanitaire, celle qui relie l’ensemble des acteurs et des processus, on constate qu’elle a résisté à un choc qu’on n’a plus connu depuis la grippe espagnole de 1918. On le doit à la force et à l’abnégation des équipes, qu’il faut saluer avant tout. Ce qui peut parfois manquer c’est la transversalité des outils et des moyens, et particulièrement la capacité des structures publiques et privées à travailler ensemble. On l’a vu pendant la première vague où les cliniques privées auraient pu être davantage sollicitées. Rien n’est simple évidemment et il y a toujours des problèmes d’assurance et de financement à résoudre, mais une crise demande des solutions de crise. Quand on considère tous les acteurs – hôpital, cliniques, médecins de premier recours et spécialistes, soins à domicile, pharmaciens – on voit un système de santé au maillage très serré et puissant. J’espère que dans les campagnes de test et de vaccinations à venir, nous saurons mettre en œuvre une conduite vraiment collaborative et «symphonique» de ces acteurs.

Vous êtes président du Comité directeur de Pro Senectute Vaud. Comment cette organisation a-t-elle réagi aux contraintes imposées par la crise?

Les cours, visites et accompagnements ont effectivement été restreints ou stoppés. Nos animateurs-trices ont vu évoluer leur mission vers la recherche du contact social, par des téléphones et des visites individuelles ou par exemple des leçons de gymnastique en visioconférence. Une vraie révolution dans notre manière d’envisager l’animation socio-culturelle, mise en place grâce à notre directeur Tristan Gratier, également président de l’AVASAD. Le mérite d’une crise est de nous forcer à nous réinventer. Dans cet esprit, j’imagine volontiers un renforcement de la collaboration entre Pro Senectute et les soins à domicile. Les infirmières, les ASSC, les auxiliaires qui se rendent régulièrement chez les clients sont les mieux placées pour constater une solitude ou une fragilité sociale chez les personnes âgées, et Pro Senectute a justement les outils permettant d’y remédier [1]. Il faut vraiment faire travailler ensemble les grandes structures socio-sanitaires actives sur le territoire cantonal et qui servent l’ensemble de la population.

 

  1. Cette mise en commun des ressources s’incarne déjà concrètement par le partage de bureaux entre les deux institutions sur le site de Vevey.
    Par ailleurs, le projet de « Table régionale », espace de rencontre et de partage de repas placé sous l’égide des bénévoles de Pro Senectute, sera mis en œuvre au 5ème étage du site de Vevey dès que la levée des restrictions sanitaires le permettra.